La situation actuelle
En France en 2019, nous avons consommé 2700 TWh d’énergie primaire, soit 41 kWh par habitant en moyenne¹. Ces chiffres ne prennent pas en compte la consommation d’énergie associées à toutes les importations.
Notre mix énergétique dépend à 52% des énergies fossiles avec le pétrole qui représente un tiers de la consommation d’énergie primaire sur le territoire.Le nucléaire est très fortement développé en France (38% de notre mix énergétique¹.
Cette caractéristique permet à la France de bénéficier d’une électricité très peu carbonée composée à 70% d’énergie nucléaire¹.
Ainsi, notre mix électrique est très décarboné en comparaison de la plupart de nos voisins européens. En France, en 2021, 1 kWh d’électricité émettait en moyenne 58g de CO2, en Allemagne 349g de CO2 et au Danemark 155g de CO2¹.
Le plan de la France
Nous avons vu, dans les leçons précédentes, quels sont les différents moyens de production d’énergie peu carbonés mais aussi les étapes à suivre pour réduire les émissions de GES.
Voyons comment la France prévoit de réduire ses émissions de CO2.
Le scénario de référence ...
Tout commence avec le scénario de référence de la stratégie française pour l’énergie et le climat (appelé également scénario « Avec Mesures Supplémentaires », ou scénario AMS).
Le scénario AMS décrit une manière d’atteindre les objectifs de neutralité carbone. Ce scénario cherche également à diminuer la dépendance française aux énergies fossiles importées.
SNBC et PPE, kézako ?
Le scénario AMS sert ensuite de base à la rédaction des deux documents centraux pour planifier la transition écologique française :
- La Stratégie Nationale Bas Carbone (ou SNBC) est la feuille de route de la France pour réduire les émissions de gaz à effet serre. Son objectif : atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Elle est appliquée en France depuis 2015.
- Elle comprend des orientations pour mettre en œuvre la transition vers une économie bas-carbone dans tous les secteurs d’activité.
- La Planification Pluriannuelle de l’Énergie (ou PPE) fixe les priorités d'action des pouvoirs publics dans le domaine de l'énergie. C’est un outil qui décrit les mesures qui permettront de décarboner l’énergie pour atteindre la neutralité carbone en 2050. La PPE doit être compatible avec la SNBC.
<div style="background-color:#F99C8E;color:#FFFFFF;border-radius:8px;padding-top:16px;padding-bottom:16px;padding-right: 16px; padding-left:16px;margin-top:16px;margin-left:0px;margin-right:0px";><p>💡<b>Concrètement quelle est la différence entre scénario AMS, SNBC et PPE ?</b></br>
Le scénario AMS est la référence commune qu’utilisent la Stratégie Nationale Bas Carbone et le Plan Pluriannuel de l’Énergie.</br>
Le scénario “raconte” une histoire cohérente qui permettra d’atteindre en 2050 la neutralité.La SNBC et le PPE détaillent concrètement (avec des mesures politiques) comment faire pour que cette histoire se réalise.</br></p></div>
Ces documents sont régulièrement révisés et modifiés afin d’être toujours alignés avec l’objectif de la neutralité carbone d’ici 2050.
Concrètement que prévoit la SNBC ?
La SNBC comporte 4 grands objectifs² :
- Décarboner la production d’énergie en se reposant sur les sources d’énergies suivantes :
- l’électricité décarbonée
- la chaleur issue de l’environnement (géothermie, pompes à chaleur notamment)
- la biomasse
- Réduire de moitié les consommations énergétiques en renforçant l’efficacité énergétique des équipements et en adoptant des modes de vies plus sobres (il est précisé “sans pertes de confort pour les Français·es”).
- Réduire les émissions non liées à l’énergie de l’agriculture et des procédés industriels
- Augmenter les puits de carbone afin qu’ils puissent absorber les émissions inévitables des secteurs énergétiques.
De manière sectorielle voici un résumé de ce que prévoit la SNBC² :
- Pour les secteurs du logement, du transport et de l’énergie, la SNBC prévoit une décarbonation complète d’ici 2050.
- Pour l’agriculture une diminution des émission de 46%, pour l’industrie une diminution de 81% et pour le secteur de traitement des déchets une baisse des 66% des émissions.
- Enfin concernant les forêts, sols et bois, l’objectif est de stocker le maximum de carbone afin d’augmenter la capacité des puits de carbone (lien vers leçon 3 cours 1)
Budgets carbone et atteinte de la neutralité carbone
La SNBC définit des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour la France à court et moyen terme : les budgets carbone.
Ces budgets représentent des plafonds d’émission de gaz à effet de serre à ne pas dépasser sur des périodes de 5 ans. Ainsi tous les 5 ans nous avons un budget de plus en plus petit jusqu’à atteindre la neutralité carbone en 2050.
Les premiers budgets sont les suivants² :
- 1er budget, 2015 - 2018 : 441 MtCO2-eq
- 2ème budget, 2019 - 2023 : 422 MtCO2-eq
- 3ème budget, 2024 - 2028 : 359 MtCO2-eq
- 4ème budget, 2029 - 2033 : 300 MtCO2-eq
Tous les 5 ans, un nouveau budget est “défini”. En 2019, nous avons défini le budget 2029-2033, et en 2024, nous définirons le budget 2034-2038.
Ainsi, un budget de 422 MtCO2-eq pour les années 2019 - 2023 signifie qu’en moyenne sur les 5 ans, les émissions annuelles de gaz à effets de serre ne doivent pas dépasser 422 MtCO2-eq par an.
L’objectif est d’atteindre en 2050 la neutralité carbone en atteignant le seuil de 80 MtCO2-eq en 2050. La SNBC prévoit le développement des puits de carbone afin que ces 80 MtCO2-eq soient absorbés en totalité.
<div style="background-color:#F99C8E;color:#FFFFFF;border-radius:8px;padding-top:16px;padding-bottom:16px;padding-right: 16px; padding-left:16px;margin-top:16px;margin-left:0px;margin-right:0px";><p>🌳 Comme présenté précédemment, la SNBC planifie une forte augmentation des puits de carbone en doublant leur capacité d’absoprtion entre 2015 et 2050 pour atteindre 80MtCO2-eq.</br></p></div>
Il faut savoir que le premier budget 2015-2018 a été dépassé de 65 MtCO2-eq soit en moyenne 16 MtCO2-eq par an.En effet, les émissions de gaz à effet de serre n’ont diminué que de -1% par an en moyenne alors qu’il était prévu une diminution de -2,2% par an en moyenne.
C’est pourquoi une révision a eu lieu en 2019 pour augmenter les budgets suivants afin d’intégrer ce retard de 65 MtCO2-eq pris dans les premières années. Cette révision est ainsi plus ambitieuse car les efforts sur le court terme ont été modulés. Dans tous les cas, l’atteinte de la neutralité carbone en 2050 est toujours l’objectif.
Des scénarios alternatifs
Nous avons vu que le scénario AMS est actuellement le scénario de référence utilisé dans la SNBC et la PPE.
Cependant, il existe d’autres scénarios proposés par d’autres entités. En voici quelques-uns :
- Le Plan de Transformation de l’Économie Française, par le Shift Project, un think-tank qui oeuvre à éclairer et influencer le débat sur la transition énergétique³.
- Le scénario négaWatt 2022, par l’association négaWatt dont la mission est de développer une politique énergétique fondée sur la sobriété et sur l’efficacité énergétique et sur un recours plus affirmé au énergies renouvelables⁴.
- L’étude Futurs Énergétiques 2050 par RTE (l’entreprise qui gère le réseau électrique français). Cette étude a produit de nombreux scénarios différents pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Ces scénarios se différencient par leur sobriété, leur recours aux énergies renouvelables ou au nucléaire⁵.
- Transition(s) 2050 par l’ADEME. Dans ce rapport, l’ADEME expose 4 chemins types très différents pour amener la France à la neutralité carbone, afin d’accélérer le débat sur les choix de société à conduire⁶.
L’intérêt de ces scénarios est de proposer des alternatives, d’éclairer, d’informer et de nourrir les débats autour de la transition énergétique afin que de plus en plus de personnes s’emparent de ces sujets.
Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à allez les lire ces scénarios afin d’y confronter vos nouvelles connaissances et vous faire vos propres avis sur leur faisabilité, l’efficacité voire leur désirabilité.
Conclusion
Dans ce cours, nous avons vu que notre compréhension du problème et du fonctionnement des énergies relève de la science et de la technique.
Toutefois, la transition énergétique et son application sont de l’ordre du politique.Il n’y a pas de réponse parfaite à la façon dont nous souhaitons, en tant que société, effectuer la transition énergétique.
Une fois les connaissances acquises, les décisions et stratégies à adopter sont des choix politiques dont il faut discuter. Il est important que de plus en plus de personnes les maitrisent afin de pouvoir comprendre les enjeux et participer collectivement à l’élaboration de ces stratégies.
